Depuisle 1er janvier 2014, les CNI sont valables 15 ans. Cet allongement de 5 ans concerne les cartes dâidentitĂ© sĂ©curisĂ©es (cartes plastifiĂ©es) dĂ©livrĂ©es entre le 2 janvier
Le terme apatride dĂ©signe une personne qui nâa la nationalitĂ© dâaucun pays. Ils sont plus dâun million Ă ĂȘtre dans ce cas en Afrique de lâOuest et Ă vivre ainsi sans identitĂ© lĂ©gale. Aujourdâhui, alors quâil y a eu une rĂ©elle prise de conscience des Ătats de la sous-rĂ©gion, la question nâest plus de savoir comment y mettre fin, mais pourquoi il est nĂ©cessaire dâaller plus loin en intĂ©grant rĂ©fugiĂ©s et dĂ©placĂ©s, ou encore de prendre en charge les personnes qui risquent le plus de se retrouver dans cette situation. Lâenjeu est de taille pour lâAfrique, qui entend tirer avantage de toutes ses potentialitĂ©s pour ĂȘtre au diapason des nouveaux dĂ©fis Ă©conomiques et dĂ©mographiques auxquels le continent doit faire calvaire des apatridesHabillĂ©e dâune petite robe kaki, Ami Amegan, aujourdâhui ĂągĂ©e de 12 ans, sâapprĂȘte Ă se rendre Ă son Ă©cole sise Ă Agoe Fidokpui, une banlieue de la capitale togolaise. La jeune fille a repris la nouvelle annĂ©e scolaire sur fond de dĂ©goĂ»t et de regret. Car elle aurait dĂ» rentrer cette annĂ©e au collĂšge. Malheureusement, son statut dâapatride ne lui avait pas permis de se prĂ©senter Ă lâexamen de fin de premier cycle, communĂ©ment appelĂ© CEPD Certificat dâĂ©tudes du premier degrĂ©, au Togo. Jâai mis plus de deux semaines pour recommencer les classes car jâavais honte de voir mes camarades avec lesquels jâĂ©tudiais se rendre au collĂšge, confie-t-elle. Mes parents ne mâont pas Ă©tabli dâacte de naissance alors que câest ce document quâil faut prĂ©senter pour pouvoir participer Ă lâexamen de fin de premier cycle. MalgrĂ© lâintervention du directeur de lâĂ©cole en ma faveur, rien ne pouvait ĂȘtre fait, a constatĂ© Ami. Câest seulement aprĂšs cela que jâai compris ma situation et certaines bonnes volontĂ©s ont aidĂ© ma mĂšre Ă pouvoir avoir un jugement supplĂ©tif comme un certificat de naissance que je pourrai utiliser cette annĂ©e. Jâai perdu toute une annĂ©e de mon parcours scolaire. Ȉ lâinstar de cette jeune Ă©coliĂšre, ils sont plusieurs milliers dâĂ©lĂšves Ă ne pas disposer de documents personnels ou dâacte de naissance au Togo. Leur nombre reste inconnu Ă ce jour car les autoritĂ©s nâont pas enclenchĂ© les procĂ©dures pouvant permettre de les quantifier dans une base de donnĂ©es. Aujourdâhui, ces apatrides ne peuvent pas bĂ©nĂ©ficier de certains services sociaux de lâĂtat togolais. Ă lâinstar de ce petit pays dâAfrique de lâOuest, la sous-rĂ©gion compterait des centaines de milliers de populations sans papiers et donc sans les Nations unies, le monde compte environ dix millions dâapatrides, dont un million rien quâen Afrique de lâOuest. Aujourdâhui, il existe plusieurs types dâapatrides dans la rĂ©gion. On peut ĂȘtre apatride de droit, câest-Ă -dire quâon nâa pas la possibilitĂ© de se faire dĂ©livrer une nationalitĂ© juridiquement. On peut, Ă©galement, lâĂȘtre de fait, câest-Ă -dire certaines circonstances involontaires ou volontaires peuvent amener une personne Ă se retrouver dans cette situation dâapatridie », explique Kossi KalipĂ©, enseignant chercheur en droit public Ă lâuniversitĂ© de LomĂ© et vice-prĂ©sident de la Commission nationale de lutte contre lâapatridie au LIRE AUSSIDocu tĂ©lĂ© â LCP Enfants fantĂŽmes », ce dĂ©fi que lâAfrique doit releverNĂ©gligence et ignorance sont les causes principalesLes causes du phĂ©nomĂšne dâapatridie sont diverses. Mais la nĂ©gligence et lâignorance semblent faire le lit de ce flĂ©au. Certaines victimes se sont rendu compte de leur statut seulement lorsquâelles avaient besoin de recourir Ă certains services de base tels que lâouverture dâun compte bancaire, la scolarisation, lâadhĂ©sion Ă un groupe, un voyage, etc. Je me suis rendu compte de la nĂ©cessitĂ© dâavoir sa piĂšce dâidentitĂ© seulement quand jâavais voulu aller au Burkina Faso en 2018. On mâa trouvĂ© un boulot de charpentier Ă Ouagadougou. Pour mây rendre, jâavais au moins besoin de ma carte nationale dâidentitĂ©. Mon certificat de naissance Ă©tait perdu depuis mon enfance, mais mes parents ne sâen sont pas prĂ©occupĂ©s car ils ne jugeaient pas cela nĂ©cessaire, Ă©tant des agriculteurs. Je viens de me faire un nouveau certificat de naissance grĂące Ă une audience foraine organisĂ©e dans mon village au Ghana », se remĂ©more John Badu, un citoyen ghanĂ©en rĂ©sidant au susciter une prise de conscience chez les populations, certains pays en Afrique de lâOuest ont adoptĂ© une approche de sensibilisation de masse. Mieux, la dĂ©claration obligatoire de naissance a Ă©tĂ© rendue gratuite afin dâamener les populations pauvres vivant dans les zones reculĂ©es Ă enregistrer leurs enfants Ă la LIRE AUSSIEnfants fantĂŽmes un grand dĂ©fi pour lâAfriqueLe poids des conflits et de lâinsĂ©curitĂ©Les autres causes majeures du phĂ©nomĂšne dâapatridie demeurent les conflits et lâinsĂ©curitĂ© prĂ©valant dans certains pays de la zone. En effet, les populations vivant dans les zones de conflits ou faisant face Ă lâinsĂ©curitĂ©, notamment au Mali, au Niger, au Nigeria ou au Tchad, sont souvent contraintes de fuir en abandonnant derriĂšre elles tous leurs biens, y compris leurs piĂšces dâidentitĂ©. Pis, dans certains cas, ces documents sont purement et simplement brĂ»lĂ©s par les assaillants. Câest le cas du Nigeria, le pays le plus peuplĂ© du continent, qui, vraisemblablement, compterait la plus importante population dâapatrides, selon certains effet, le pays fait face, depuis plusieurs annĂ©es, au terrorisme ; ce qui amĂšne les populations fuyant les exactions Ă se dĂ©placer pour leur survie. Les autoritĂ©s ont, en aoĂ»t dernier, dĂ©livrĂ© Ă environ 1 500 enfants dĂ©placĂ©s des actes de naissance. Ă travers ces campagnes dâenregistrement qui vont ĂȘtre organisĂ©es dans les annĂ©es Ă venir, le pays compte Ă©radiquer lâapatridie. Lâantidote immĂ©diat pour rĂ©soudre le problĂšme de lâapatridie, câest de tout faire pour dĂ©clarer les enfants Ă la naissance, mĂȘme ceux qui sont dĂ©placĂ©s », pense Temidayo Sunday, directeur de lâEnregistrement civil Ă la Commission nationale de la population du CĂŽte dâIvoire se dĂ©marque dans la lutte contre ce flĂ©au. Ainsi, environ 300 000 Ivoiriens rentrĂ©s rĂ©cemment au pays aprĂšs la crise de 2011 se sont vu dĂ©livrer des actes de naissance. Mieux, le pays est devenu le premier sur le continent Ă avoir mis en place, en 2020, une procĂ©dure permettant dâidentifier et protĂ©ger les apatrides. Les autoritĂ©s ivoiriennes songeraient mĂȘme Ă rĂ©gulariser leur situation avant 2024. Câest le travail des Ătats puisque le droit Ă la nationalitĂ© est un droit quâun Ătat reconnaĂźt Ă ses citoyens. Donc, la nationalitĂ© est une matiĂšre souveraine des Ătats et câest pourquoi au niveau des Nations unies, on met lâaccent sur la volontĂ© des Ătats Ă pouvoir Ă©radiquer lâapatridie. DĂ©sormais, câest donc aux Ătats de prendre des mesures idoines pour quâaucun de leurs citoyens ne se retrouve dans une situation dâapatridie », insiste Kossi LIRE AUSSI Les enfants fantĂŽmes sont Ă la merci des trafics en tout genre »De la prise de conscience aux actesPour soutenir les pays dans la lutte contre ce phĂ©nomĂšne, les Nations unies ont lancĂ©, en novembre 2014, une campagne mondiale visant Ă lâĂ©radiquer Ă lâhorizon 2024. Les Ătats de la sous-rĂ©gion se sont joints Ă cette campagne en mettant en place des reformes juridiques afin de faciliter la dĂ©livrance des actes de naissance et autres documents. Ainsi, une ligne directive a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e visant Ă Ă©radiquer lâapatridie, tant en termes dâengagements politiques que dâactions concrĂštes menĂ©es dans chaque pays de la zone. De lâadoption de la dĂ©claration dâAbidjan en 2015 en passant par le plan dâaction de Banjul en 2017, les pays ont enregistrĂ© des avancĂ©es notables dans cette plusieurs pays de la zone ont ratifiĂ© la convention 1954 relative au statut des apatrides et Ă©tabli des plans dâaction afin dâaccorder un statut de protection aux migrants apatrides. Reste Ă savoir comment identifier et enregistrer les personnes Ă risque dâapatridie. RĂ©unis au cours dâun atelier rĂ©gional du 2 au 4 novembre dernier dans la capitale togolaise, les points focaux de cette lutte contre lâapatridie au niveau des Ătats ont Ă©valuĂ© le chemin parcouru depuis sept ans. Ils ont soulevĂ© les dĂ©fis Ă relever avant la date butoir. DĂ©sormais, les Ătats ambitionnent de mettre en place une procĂ©dure qui va permettre dâidentifier les personnes souffrant dâapatridie. LâAfrique de lâOuest prend trĂšs au sĂ©rieux la problĂ©matique de lâapatridie et, selon les donnĂ©es disponibles, la zone compterait environ 1 million dâapatrides. Les gouvernants ont pris des dĂ©cisions visant Ă lutter contre ce phĂ©nomĂšne, mais il va falloir intensifier les actions concrĂštes sur le terrain. DĂ©sormais, on mettra lâaccent sur des rĂ©formes juridiques relatives Ă la dĂ©livrance des documents nationaux tels que lâacte de naissance et le certificat de nationalitĂ© aux citoyens. En tout, il y a sept prioritĂ©s contenues dans le plan dâaction de Banjul et je peux vous assurer que la plupart des Ătats de la zone Cedeao ont entamĂ© des reformes pour la dĂ©livrance de documents tels que la nationalitĂ© Ă leurs citoyens », fait remarquer Mme Abimbola Oyelohunnu, coordinatrice en charge de lâapatridie Ă la Commission de la Cedeao. Elle a rappelĂ©, par ailleurs, que suite au lancement de la campagne mondiale contre lâapatridie, les femmes dans certains pays de la zone peuvent dĂ©sormais accorder leur nationalitĂ© ou citoyennetĂ© Ă leurs enfants, chose impossible par le passĂ© Ă cause de la rigiditĂ© des lois en la matiĂšre. Je peux donner Ă titre dâexemple le cas de la Sierra Leone, oĂč les femmes peuvent dĂ©sormais accorder leur nationalitĂ© Ă leurs enfants ; ce qui nâĂ©tait pas possible avant. Donc, je peux dire que les choses avancent dans le bon sens pour lâĂ©radication de lâapatridie dans la zone Cedeao, rassure-t-elle. Au niveau de la Commission, nous sommes confiants que lâassistance technique et financiĂšre accordĂ©e aux Ătats membres permettra de venir Ă bout de ce phĂ©nomĂšne dâici 2024. Ȉ LIRE AUSSIMali quand les djihadistes travaillent Ă vider les villagesObjectif 2024Pour mener Ă bien cette lutte, les pays peuvent compter sur le soutien indĂ©fectible des partenaires tels que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s UNHCR. Lâinstitution onusienne organise souvent des campagnes foraines, en collaboration avec certains Ătats, afin de dĂ©livrer des documents aux personnes Ă risque dâapatridie, notamment les personnes dĂ©placĂ©es ou rĂ©fugiĂ©es. Notre institution ne mĂ©nagera aucun effort pour aider les Ătats dans cette lutte contre lâapatridie. DĂ©jĂ , certains pays qui ont Ă©tĂ© secouĂ©s par des crises de toute sorte enregistrent des avancĂ©es notables. Je pense que le Mali fait dâĂ©normes progrĂšs en matiĂšre de dĂ©livrance de carte dâidentitĂ© pour plusieurs personnes dĂ©placĂ©es Ă cause de lâinsĂ©curitĂ©. On a des donnĂ©es selon lesquelles le Mali et la CĂŽte dâIvoire ont rĂ©cemment dĂ©livrĂ© des centaines de milliers de cartes dâidentitĂ© aux personnes Ă risque dâapatridie et cela va continuer dans les prochaines annĂ©es », soutient Mme Monique Ekoko, ReprĂ©sentante rĂ©gionale du Haut-Commissariat des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s Ă Dakar, tout porte Ă croire que les Ătats dâAfrique de lâOuest ont pris la mesure de la lutte contre ce phĂ©nomĂšne jadis mĂ©connu qui a longtemps eu des rĂ©percussions sur le plan socio-Ă©conomique. Car les apatrides sont souvent exclus des programmes de lutte contre la pauvretĂ© si chĂšre aux LIRE AUSSISahel Lâurgence, câest de revoir lâordre des prioritĂ©s »
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